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Démocratie maintenant!

09.02.11 Editorial
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La révolte démocratique populaire qui a débuté en Tunisie et qui s’étend maintenant à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient a suscité la panique, la surprise et l’inspiration. La panique ne se limite pas seulement à ceux qui disposent de comptes bancaires en devises fortes et qui cherchent un refuge pour leur argent, aux politiciens qui cherchent un exil confortable et aux ambassades et missions étrangères qui brûlent et déchiquettent sans doute les preuves de leur complicité. Elle s’étend également à tous ceux qui ont profité – dans la région et ailleurs – de leurs liens multiples avec un système de pillage nourris par la violence et l’oppression.

La détermination extraordinaire, la discipline, la capacité d’organisation et l’optimisme généreux des foules immenses qui se rassemblent pour gagner leur liberté au Caire et dans d’autres villes égyptiennes ont inspiré à travers le monde tous ceux et celles qui se reconnaissent dans leur lutte et qui ont vu confirmée et renforcée leur croyance à l’effet que, quel que soit le résultat immédiat en Égypte, les peuples font leur propre histoire et qu’aucun régime policier ne peut durer toujours.

La proclamation d’une centrale syndicale indépendante en Égypte à la fin de janvier est une avancée démocratique majeure, qui ne devrait surprendre que ceux qui souscrivent à une conception policière de l’histoire (qui ne reconnaît que les conspirations), puisque les dernières années ont vu émerger en Égypte des luttes massives par les travailleurs/euses du textiles et d’autres travailleurs/euses du secteur public et du secteur privé, et dont la lutte pour le pain quotidien et la dignité en face d’un oppression sans relâche les a placés en conflit direct avec le régime.

Dans toute la région, les travailleurs/euses sont en marche; pour faire progresser ce mouvement, il faut des organisations syndicales indépendantes. En Tunisie, les collectivités en révolte se sont tournées vers l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) pour assurer la coordination et l’organisation à mesure que le mouvement prenait de l’ampleur. Ailleurs, les syndicats associés aux régimes despotiques pourraient être récupérés comme instruments de l’expression des travailleurs/euses – ou tout simplement balayés au passage.

Nous ne pouvons pas savoir aujourd’hui quelles sont les organisations qui émergeront de la lutte des travailleurs/euses, mais nous savons que leur lutte est la nôtre.