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Les réactions devant la fermeture de Mondelez en Nouvelle-Zélande attestent du moindre attrait des « marques internationales »

30.11.17 Feature
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Le vernis s’écaille pour les « grandes marques mondiales », dont le marketing et la production ont été organisés autour du principe selon lequel la notoriété de la marque suffisait à faire oublier où et dans quelles conditions étaient fabriqués leurs produits. Dans ce paradigme, la fidélité des clients était garantie, et la mémoire de la production industrielle, les communautés ainsi que les travailleurs et les travailleuses qui les font vivre se serait dissipées sous les assauts de ces marques puissantes. Pourtant, il se trouve que les consommateurs s’interrogent.

En février 2017, Mondelez a annoncé la fermeture imminente de son usine Cadbury de Dunedin en Nouvelle-Zélande, une chocolaterie en activité depuis 80 ans, entraînant la suppression de 350 emplois. La production sera transférée à des usines australiennes qui produisent pour le marché néo-Zélandais. Une organisation locale, Save the Factory, a d’abord tenté de maintenir la production à Dunedin en proposant de racheter l’usine. L’offre a été rejetée, mais les efforts pour préserver les emplois de qualité et conserver la production de chocolat à Dunedin se poursuivent.
 

Les prochaines étapes sont détaillées dans un article du quotidien britannique le Guardian (en anglais). Grâce au financement participatif, Save the Factory a réussi à lever des fonds pour « s’associer avec Ocho, un producteur de chocolat artisanal de Dunedin souhaitant développer ses activités, en leur permettant d’employer plus de personnel, dont d’ancien-ne-s employé-e-s de Cadbury, et de faire vivre la tradition de la chocolaterie dans la plus vieille ville de Nouvelle-Zélande. » Liz Rowe, propriétaire d’Ocho, a indiqué au Guardian qu’« il y a une vraie volonté de continuer à produire localement, et de garder les emplois ici. »

Tout cela ne dédouane en rien Mondelez : l’entreprise a bénéficié de généreux crédits d’impôt alors qu’elle siphonnait les liquidités de l’usine de Dunedin grâce à un mécanisme de facturation de « dividendes » subsidiaires — essentiellement des redevances sur les marques — supérieurs aux recettes nettes de l’usine. Les gouvernements devraient chercher à récupérer cet argent qui a servi à financer ce vandalisme institutionnalisé, ici comme ailleurs dans le monde. Ocho bénéficie du ressentiment vis-à-vis des marques internationales, perçues comme destructrices par nature, et atteste de la résilience et de la résurgence d’un soutien à la production locale.   

Le syndicat E Tū, affiliée de l’UITA, œuvre à ce que les emplois conservés soient bien des emplois de qualité bénéficiant de protections syndicales. Les emplois locaux ne sont pas nécessairement des emplois syndiqués. La lutte pour la sauvegarde d’emplois de qualité à Mondelez s’inscrit dans une dynamique internationale qui a entraîné de nombreuses actions chez les affiliées de l’UITA. 

Cependant, il y a ici une leçon à retenir. « La vague de soutien montre à quel point la chocolaterie et ses emplois comptaient pour les habitants de Dunedin. », explique le Guardian. La demande des consommateurs en produits locaux ne peut pas être considérée comme une simple lubie passéiste : c’est un choix qui émane d’une mémoire vivante d'emplois locaux, d'une communauté soudée et de services publics financés par les contribuables, et qui atteste d’une volonté de revenir à cet état de fait. C'est une dynamique qui peut servir les syndicats dans leur lutte pour préserver les emplois.