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« La plus importante attaque contre le droit au travail des 30 dernières années » - Les organisations syndicales espagnoles se préparent à la grève générale

21.09.10 News
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Pendant que les syndicats organisent une journée d’action paneuropéenne contre les politiques d’austérité le 29 septembre, les centrales syndicales nationales espagnoles CC.OO et UGT se préparent à une grève générale nationale le 29 septembre. Dans le premier d’une série d’entretien avec des membres de l’UITA à propos de la grève projetée, l’UITA s’est entretenue avec Javier González Martino, secrétaire général du Syndicat du commerce, de l’hôtellerie et du tourisme des Comisiones Obreras (FECOHT-CC.OO).

Les syndicats espagnols contestent un double assaut. Les banques, les négociateurs et les spéculateurs, dissimulés derrière le FMI, exigent des mesures draconiennes pour garantir leurs obligations. En mai, le gouvernement socialiste a fait adopter de force un plan d’austérité de 15 milliards d’euros (USD 18,5 milliards) comprenant des coupes sombres dans les dépenses et les investissements publics et une diminution des 5 % des salaires des travailleurs/euses du secteur public. Le deuxième assaut est venu d’une série de « réformes » du marché du travail, lancée par un décret gouvernemental en juin et complétée par le Parlement le 9 septembre, qui rend les licenciements plus faciles et moins coûteux pour les entreprises.

Le gouvernement espagnol, mais aussi l’UE, le G20, les grands intervenants financiers et le FMI s’entendent pour dire que le temps des mesures incitatives est terminé : les gouvernements doivent faire preuve d’austérité pour reprendre en main leur situation fiscale. La grève projetée est un refus net de cette ligne de pensée. Pourquoi croyez-vous que l’austérité n’est pas la solution et quelles mesures concrètes proposez-vous pour stimuler la  création d’emploi, l’investissement réel et un secteur public fort?

Le CCOO propose une réforme du système financier qui permettra d’assurer le contrôle et l’accès au crédit pour les familles et les entreprises, des politiques industrielles, énergétiques et éducatives qui nous éloignerons d’un modèle de croissance basé entièrement sur la construction et les bulles immobilières et une réforme fiscale pour lutter contre la fraude.

Les organisations syndicales souhaitent entreprendre des négociations sur un pacte national qui permettrait à notre pays de s’attaquer à la crise de la meilleure façon possible. L’intervention pernicieuse du gouvernement, applaudie par les employeurs, a dilapidé la bonne volonté des confédérations syndicales CC.OO et UGT. Nous proposons d’autres options et d’autres politiques pour réduire le déficit public en augmentant les revenus du gouvernement et en faisant émerger l’économie souterraine. Nous tentons aussi de réformer le système de négociation collective et de le renforcer afin de protéger le système de retraite public et corriger les abus dans le recours au travail précaire et les contrats à court terme.

Enfin, le CC.OO s’oppose à la hausse de l’âge de la retraite à 67 ans, parce que cette mesure n’est absolument pas nécessaire. Nous favorisons plutôt le renforcement des mesures actuelles de retraite volontaire souple.

Comment suscitez-vous le soutien au mouvement de grève, non seulement auprès de vos membres mais dans la cadre d’une mobilisation plus vaste?

L’appel à la grève générale du 29 septembre est une réponse à la plus grande attaque contre le droit au travail des 30 dernières années. Il est triste de constater qu’elle est l’œuvre d’un gouvernement qui prétend être de gauche tout en s’appuyant sur le soutien des employeurs.

Au CC.OO, nous sommes convaincus/es que les travailleurs rejetteront massivement la réforme du travail le 29 septembre. Nous avons entrepris d’informer les milieux de travail et le grand public de nos raisons et des solutions de rechange proposées par les fédérations syndicales. Le CC.OO et l’UGT ont appelé les mouvements sociaux, les forces culturelles et la gauche à jouer un rôle actif et à participer à la grève générale pour les droits des travailleurs/euses le 29 septembre.

Après le 29 septembre, quelle est l’étape suivante ?

Plus que jamais, nous poursuivrons la lutte pour la restauration des droits volés par le gouvernement actuel. Pour nous, il est vital de ne pas oublier que les droits des travailleurs/euses sont sacrifiés aux exigences de l’Union européenne et des marchés financiers. Nous devons lutter contre les groupes et les individus qui ont causé la crise financière et économique mondiale actuelle. Les syndicalistes d’Europe et du monde entier doivent unir leurs forces pour élaborer des solutions de rechange permettant d’améliorer et de solidifier le bien-être social à l’échelle mondiale.

Au nom de la FECOHT-CC.OO, j’aimerais remercier le mouvement syndical européen pour les expressions de soutien et de solidarité que nous recevons.