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Les paradis fiscaux profitent aux riches pendant que l’austérité fait des ravages dans le reste du monde

26.07.12 Editorial
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Les dirigeants du G20 s’étaient engagés à lutter contre les paradis fiscaux lors de leur sommet de crise d’avril 2009, mais une étude récente montre qu’ils n’ont jamais été aussi florissants.

Alors que les travailleurs/euses sont invités/es à se serrer la ceinture et que des coupes brutales sont faites dans les retraites et les services publics, les investisseurs les plus fortunés au monde sont parvenus à dissimuler jusqu’à 32.000 milliards de dollars – l’équivalent de 45 pour cent du PIB mondial, ou la production mondiale annuelle des biens et des services – aux autorités fiscales de leur pays.

Revoir le coût des opérations offshore (en anglais), une étude de Tax Justice Network basée sur une analyse détaillée des données issues de la Banque des règlements internationaux et du FMI, exclut les actifs non financiers, dont l’immobilier, qui rendrait sinon l’ampleur de la fraude plus colossale encore. « Cette économie offshore est suffisamment importante pour avoir un impact majeur sur les estimations concernant l’inégalité des richesses et des revenus ; sur les estimations concernant les revenus nationaux et les ratios d’endettement ; et – de manière plus importante – pour avoir un impact négatif considérable sur l’assiette fiscale des pays source », conclut l’auteur.

Seulement 92.000 personnes détiennent ces richesses échappant à l’imposition, soit 001 pour cent de la population mondiale. Selon la formule popularisée par le mouvement Occupy, nous sommes les 99,999 pour cent.

Les arguments en faveur de l’élimination des paradis fiscaux ont largement disparu des débats publics depuis que Gordon Brown a affirmé qu’ils étaient en  voie d’extinction et que l’OCDE a abondé dans son sens en publiant un document corroborant cette déclaration absurde. Les mesures d’austérité sont plus faciles à faire passer lorsqu’on peut dire que l’argent fait vraiment défaut. Il est temps de remettre cette question, et l’argent, au centre des débats publics. Et de donner suite à cette étude en évaluant le montant du revenu imposable dissimulé aujourd’hui aux autorités publiques par les sociétés transnationales au moyen des prix de transfert et d’autres tours de passe-passe comptables.