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Cambodge : les travailleurs/euses des hôtels de luxe licenciés/es confrontés/es à des pressions politiques et policières sous prétexte de « protection culturelle »

11.01.12 Urgent Action
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Cinq mois après leur licenciement en masse pour avoir exercé leur droit fondamental à former un syndicat, 67 employés/es continuent à manifester pacifiquement devant les établissements cinq étoiles Angkor Village Hotel et Angkor Village Botanical Resort Hotel de Siem Reap.

Passant outre les injonctions de la Cour et les condamnations internationales de plus en plus nombreuses, les propriétaires, Olivier Piot et Tep Vattho, ont réagi par de nouvelles accusations forgées de toutes pièces contre les travailleurs/euses et en exerçant des pressions politiques par le biais d’une agence gouvernementale dont le mandat est de protéger le site d’Angkor, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité.

Les trois fonctions de l’Autorité APSARA (l’Autorité nationale en charge de la protection et du développement du site d’Angkor et de la région de Siem Reap), financée par des organismes internationaux, sont « la gestion du tourisme, le développement urbain et la préservation de l’héritage culturel d’Angkor », mais il semble que grâce à sa position à la tête du Département de l’urbanisation de cette organisation, Tep Vattho ait ajouté une quatrième fonction – empêcher les manifestations devant son hôtel de luxe.

Lorsque les employés/es injustement licenciés/es ont tenté de distribuer aux touristes des tracts, en français et en anglais,  sur la campagne et l’action d’urgence de l’UITA et de prendre des photos de leur manifestation pacifique, la police d’APSARA est intervenue pour les en empêcher. Celle-ci a ensuite confisqué les téléphones portables des travailleurs/euses pour effacer toutes les photos de la manifestation – un abus de pouvoir manifeste.

Cette dernière action contre les travailleurs/euses licenciés/es et leur syndicat jette une nouvelle ombre sur l’Autorité APSARA, qui a de plus nommé la propriétaire d’un établissement de luxe pour superviser l’urbanisation d’un site protégé.

Une influence politique plus insidieuse encore s’est manifestée par la volte-face soudaine du tribunal de Siem Reap, qui le 14 décembre 2011 a rendu un nouveau verdict invalidant le jugement du 26 octobre ordonnant la réintégration immédiate des travailleurs/euses injustement licenciés/es. Ce nouveau verdict, qui légalise le licenciement massif des employés/es – rendu par le même juge contre son précédent jugement ! – n’est pas lié à de nouveaux éléments de preuve soumis par les employeurs et a provoqué le désarroi et l’incompréhension des travailleurs/es licenciés/es. La Confédération syndicale cambodgienne (CLC) a immédiatement déposé une plainte auprès du ministère de la Justice et du Conseil constitutionnel du Cambodge pour obtenir une explication concernant ce nouveau verdict.

Le 6 janvier, le secrétaire général de l’UITA Ron Oswald a écrit au ministre cambodgien du Tourisme, le Dr. Thong Khon, rappelant l’engagement du gouvernement en faveur d’un tourisme éthique et responsable et décrivant les violations des droits des travailleurs/euses comme un exemple honteux d’un « tourisme contraire à l’éthique ».

Cliquez ici pour envoyer un message au ministère cambodgien du Tourisme demandant au gouvernement de respecter son engagement à promouvoir un tourisme éthique et responsable, et de s’assurer que les propriétaires du Angkor Village Hotel cessent d’abuser de l’Autorité APSARA et réintègrent immédiatement tous/tes les travailleurs/euses licenciés/es avec le versement rétroactif des salaires et la reconnaissance de leurs syndicats.